Cette question pourrait prêter à sourire compte tenu que nous parlons d’une ISDND (installation de stockage des déchets non dangereux) autorisée et contrôlée par l’Etat. Sauf que dans les faits, cette question se pose sérieusement. On peut même s’interroger sur la préméditation, tellement nous avons nagé dans la dissimulation, la supercherie, la mauvaise foi, etc…
1/ Comment justifier d’une si brutale hausse de production de biogaz, autrement que par une fraude massive ?
Pour nous, cette montée en puissance s’est faite depuis les années 2010, depuis la mise en place par une entreprise privée « BiogazLibron » (devenue par la suite « Total Quadran ») d’une unité de valorisation des biogaz pour faire de l’électricité. Immédiatement, nous avons soupçonné l’exploitant de la décharge de St Jean de Libron (la Mairie de Béziers puis la CABM) d’enfouir délibérément des déchets putrescibles pour satisfaire l’appétit en biogaz de cette entreprise privée.
Les odeurs ont alors commencé à se répandre à plus de 1 km du site, de manière occasionnelle, par temps humide, puis c’est devenu de plus en plus fréquent, jusqu’à l’été 2017 où c’était quasiment tous les soirs et nuits. Dès janvier 2018, cela deviendra catastrophique avec des gaz jours et nuits qui pénétreront dans des habitations.
Après avoir nié la situation pendant plusieurs années, la CABM finira par reconnaitre, le 06 décembre 2019, en commission de suivi de site, que le rendement en biogaz a été multiplié par 2,5.

Comment cela est-il possible ? C’est une hausse vertigineuse. Rien de tel que des graphiques pour bien comprendre l’énormité de la situation.
Pour commencer observons ce graphique ci-dessus, c’est un modèle mathématique de l’ADEME qui simule la production de biogaz avec l’exploitation de 3 casiers pour un enfouissement de déchets ménagers de 30 000 t /an.
Nous voyons que l’accumulation de déchets ménagers ne cesse d’accroître la production de biogaz. Nous constatons également qu’après l’enfouissement de déchets, il faut plus de 20 ans pour que la méthanisation s’arrête (du moins, diminue fortement).
Vu que la décharge de St Jean de Libron est une vieille décharge de plus de 40 ans, nous nous sommes demandé ce que cela pouvait donner avec ce modèle mathématique ? Est-ce que la production de biogaz continuerait d’augmenter au bout de 20 ans alors que les premiers casiers ne produiront quasiment plus de biogaz ? Donc, à partir de ce modèle mathématique de l’ADEME nous avons réalisé une grossière simulation. Grossière, car avant 2002 nous ne connaissions pas les tonnages enfouis et ensuite ces tonnages (déchets de classe 2) ont varié entre 38 000 t et 62 000 t/an. Pour simplifier, nous avons donc simulé une ouverture de casier tous les 6 ans avec un enfouissement annuel de 51 000 t/an ce qui semble être une moyenne majorée par rapport aux tonnages enfouis en classe 2 de 2002 à 2018 (voir ci-dessous).
D’après le modèle mathématique de l’ADEME un peu plus haut , voici donc la simulation qui en découle. La production de biogaz en m³/h pour 51 000 tonnes d’enfouissement annuel.
Nous voyons, qu’au bout de 20 ans la production de biogaz atteint un plateau (1996) et augmente ensuite beaucoup plus lentement.
Alors que comprendre de l’augmentation brutale de rendement de 2.5 reconnue par la CABM en 2019.
Dans la simulation suivante, nous avons placé cette augmentation dès 2018 car nous savons très bien qu’en 2018 ces gaz étaient déjà bien présents puisqu’ils s’échappaient dans l’environnement jusqu’à 5 km à la ronde et nous empoisonnaient.
Comment justifier d’une hausse de production de biogaz aussi colossale ? Voici quelques hypothèses:
- La CABM aurait enfoui beaucoup plus que ce qu’elle ne le prétend, bien au-delà des 65 000 t/an autorisées. Ce qui expliquerait pourquoi des camions étaient pesés à l’entrée et d’autres non comme des riverains de la décharge, ont pu en être témoins, à plusieurs reprises.
- Par l’enfouissement de déchets bruts, autorisé par la préfecture à l’encontre de la réglementation. Même la justice administrative refusera de juger cette fraude sous prétexte que l’exploitant ne le faisait plus au moment du jugement. Sauf que nous avons découvert, grâce à la chambre régionale des comptes, qu’en réalité la CABM a enfoui encore des déchets bruts, même après la décision du tribunal administratif. Donc, le tribunal s’est fait manipuler par la CABM, mais nous aussi. Le problème est que le tribunal administratif refusera de juger sans se préoccuper de savoir si l’enfouissement de ces déchets bruts n’allaient pas engendrer de problèmes. Comme intoxiquer des riverains ou polluer des eaux souterraines.
- En enfouissant massivement de la matière putrescible en état de décomposition comme nous avons déjà pu en être témoins également. Dans ce cas, la méthanisation démarre immédiatement avec une forte production de biogaz dès les premières années, alors que le casier en cours d’exploitation n’est pas encore fermé.
Ces 3 hypothèses sont illégales et criminelles car fait aggravant : le résultat était totalement prévisible et pourtant l’infrastructure appropriée n’était même pas mise en place pour capter et brûler les gaz excédentaires dans une torchère adaptée afin de limiter leur toxicité. Il leur faudra 3 ans pour sensiblement améliorer la situation des habitants situés à plus de 1 km qui ont été fortement impactés de 2017 à 2019. Pour les riverains les plus proches, malheureusement, ce n’est pas encore fini, en décembre 2020, les fuites sont encore ressenties.
Faut-il rappeler que le biogaz est toxique pour la santé, même du biogaz agricole qui est pourtant biologique, c’est pour cela qu’il est produit dans des méthaniseurs clos et hermétiques. Mais faut-il rappeler que le biogaz de décharge est encore plus toxique que le biogaz agricole car il s’accompagne d’autres gaz toxiques dus à la dégradation des divers déchets qui eux n’ont rien de biologique et qui aboutit à d’innombrables composés chimiques toxiques et cela en plein air. Pendant des années, l’exploitant ne se donnait même pas la peine de recouvrir les déchets comme le demandait l’arrêté d’autorisation préfectoral.
Face à ces dangers, qu’a fait la CABM ?
A/ Et bien, elle a payé avec l’argent public une étude d’impact biaisée en 2015 qui a tout simplement, d’une part, minimisé l’existence des riverains situés au Sud de la décharge et d’autre part oublié de préciser qu’ils étaient situés sous les vents dominants. L’étude d’impact minimisera les odeurs comme la CABM lors des CSS face aux autorités.

Pourtant lorsque la situation éclate au grand jour, devant la presse, là, la CABM affirmera que les odeurs ont toujours existé. La CABM nous prenait-elle réellement pour des imbéciles ?
Ci-dessus un extrait du dossier de presse du 09 janvier 2019 suite à la conférence de presse donnée dans les locaux de l’agglomération:
B/ La CABM en plus de laisser fuir tous ces gaz ne recouvrait pas les déchets, à l’encontre de l’arrêté préfectoral d’autorisation mais aussi d’une mise en demeure qui lui demandait de le faire. Avec du recul, nous nous demandons si la CABM ne le faisait pas exprès tout simplement pour éviter une mise en pression des gaz dans le casier 4 ce qui aurait augmenté le risque d’explosion. Donc il est possible que délibérément, la CABM laissait fuir ce biogaz sur la population riveraine dont l’existence avait été minimisée lors de l’étude d’impact de 2015.
C/ Pour brûler ce biogaz et minimiser son effet toxique sur la population et la planète, la CABM, au-lieu de se contenter d’une simple torchère, mettra en place, sans étude préalable et sans autorisation préfectorale, une torchère qui évapore en plus les eaux pluviales, mais aussi sans doute, les lixiviats. Résultat, nous nous retrouverons face à un polluant supplémentaire avec une odeur chimique de solvant. Les analyses de fumées montreront même des rejets de cadmium un cancérigène reconnu. C’est quand même troublant pour une torchère qui n’évapore soit disant que des eaux pluviales.
De plus, c’est curieux que l’étude d’impact de 2015 évoque la possibilité d’odeur ponctuelle de la torchère alors que nous sommes à présent soumis à 2 torchères qui brûlent 24h/24h et ceci sans aucune étude préalable sur la dispersion des fumées. Les manœuvres des anciens dirigeants de la CABM n’avaient visiblement aucune limite déontologique. Est-ce la même chose pour l’incinérateur à boues d’épuration mis en place par cette même équipe?
E/ Devoir de réserve des agents publics :
On peut s’interroger de savoir jusqu’à quel point le devoir de réserve des agents territoriaux de la CABM s’exerce ?
Doivent-ils mentir, même face aux autorités, comme en Commissions de Suivi de Site par exemple ?
Le personnel travaillant pour la CABM peut-il être licencié si il parle ? Car les agents travaillant sur l’ISDND ont reçu cette mise en garde dans les années 2018-2019.
2 / Pour la nappe Astienne c’est idem, l’exploitant nie son existence et dissimule l’impact :
Nous avons vu dans l’article précédent, que l’exploitant paie des études (études d’impact 2015) qui tendent à carrément nier l’existence de la nappe Astienne sous la décharge et passe totalement sous silence le fait que les eaux superficielles et peu profondes s’écoulent vers la vallée du Libron où là, la présence de la nappe Astienne a toujours été reconnue. Cette vallée du Libron semble être un lieu de recharge de la nappe Astienne et pourtant malgré la présence de piézomètres qui démontrent de grosses anomalies en chlorure, en COT (Carbonne Organique Total) mais aussi bien d’autres polluants, n’inquiètera absolument pas les experts payés par la CABM ni la DREAL d’ailleurs.
Face à ces mauvais résultats d’analyses et à ce suivi piézométrique bancal (absence de piézomètres en amont), pourquoi les autorités ont-elles accordé une prolongation à cette décharge?
Sans doute parce que l’exploitant de la décharge, la CABM a réussi à les convaincre qu’il faisait du bon travail, pour preuve les analyses du piézomètre n°4 se sont améliorées. Effectivement, elles sont passées de 380 à 692 mg/l dans les années 2000 à 290mg/l en 2019. C’est pourtant toujours supérieur à la réglementation de 250 mg/l maximum et c’est nettement supérieur au standard de la nappe astienne (entre 60 et 90 mg/l).
Pourquoi une telle amélioration ? Tout simplement car de 1976 à 1997 les ordures étaient enfouies sans aucun dispositif d’étanchéité actif donc pas de géomembrane ni bassin de lixiviat. Tout partait au ruisseau et dans le sol. Le piézomètre 4 reflète donc le changement de mode d’exploitation avec mise en place de bassin de lixiviat et de dispositif actif d’étanchéité mis en place depuis plus de 20 ans. Mais ce piézomètre 4 démontre surtout que l’hydrogéologie et l’hydrologie de ce site n’ont jamais été favorables à ce genre d’exploitation. A noter que les autres piézomètres ne montrent eux, aucune amélioration même 20 ans après la mise en place de ce nouveau mode d’exploitation.
Par contre, nous nous sommes rendu compte que des forages dans la nappe Astienne sur la commune de Vias au niveau de la vallée du Libron avaient eux, suivi la même tendance d’amélioration des chlorures.

Nous voyons sur cette analyse, et d’autres analyses de forage sur Vias qu’il y a la même tendance que dans le piézomètre 4, des taux de chlorures qui diminuent régulièrement. A savoir que la même tendance a été observée également sur Villeneuve les Béziers. Pouvons-nous en conclure que c’est la décharge de St Jean de Libron qui impacte ces forages si lointain dans la nappe Astienne?
Il nous faudrait bien plus de données pour pouvoir l’affirmer.
Cette approche sur sur l’amélioration des chlorures sur la commune de Vias dans la vallée du Libron reste fragile car il faut prendre en compte qu’en 1995 la décharge de Bessan a été interdite aux ordures ménagères. Par contre si ce secteur (ancienne décharge de Bessan) impactait la Nappe Astienne dans la vallée du Libron, il y a du soucis à se faire car la nouvelle méga décharge de Montblanc se situe juste à coté. Prenons un peu de hauteur pour mieux comprendre la situation avec cette carte.
Dans le précèdent article, avec le peu d’information en notre possession, nous vous avions présenté un schéma qui nous semblait représenter la situation des nappes sous la décharge (ci dessous).
Nous étions nous-mêmes surpris par cette couche d’argile (d’environ 10 m d’épaisseur) qui séparerait deux nappes. Après quelques recherches supplémentaires, nous nous sommes rendu compte que ce cas de figure existe bel et bien. Quand les coupes géologiques des forages existent, c’est quand même plus simple pour comprendre. Pour la décharge de St Jean de Libron nous n’avons aucune coupe géologique des piézomètres et même la dernière étude hydrogéologique réalisée par Antéa Group ne les a pas obtenues. Ci-dessous, l’exemple d’ un forage sur la commune de Vias et l’autre du captage d’eau potable de Servian à 8 km, en amont.

Sur Vias les deux nappes sont séparées aussi par 10m d’argiles mais pour autant les deux nappes sont considérées comme étant l’astien. Sommes-nous dans la même situation ?
Les coupes de ce forage utilisé pour l’eau potable de Servian sont intéressantes. Nous voyons qu’il y a 2 nappes également séparées par une épaisseur d’argile. A noter qu’il y a 2 crépines pour exploiter les deux nappes.
La première nappe n’est qu’à 23m de profond pour une tête de puits à 35m NGF.
Idem pour le piézomètre n°4 de la décharge de St Jean de Libron avec une profondeur de 23,4 m et avec une tête de puits de 35m NGF. Il nous montre, depuis presque 20 ans des taux de chlorures au-delà des normes réglementaires de potabilité. C’est troublant, l’Etat depuis 20 ans, malgré l’alerte du commissaire enquêteur en 1998 laisserait il la nappe Astienne se faire polluer ?
Face à cette question et face au manque d’études sérieuses concernant l’impact de cette décharge, nous allons prendre un peu de recul pour analyser la situation. Nous allons nous intéresser à des analyses de l’eau de la nappe Astienne autour de la décharge de St Jean de Libron afin de voir, si oui ou non, cette décharge impacte la nappe Astienne.
- Suite à un regroupement d’analyses privées des eaux de forages inférieur à -20m NGF (20m en-dessous du niveau de la mer) autour de la décharge nous avons pu entrevoir quelques tendances.
Les concentrations les plus fortes sont clairement au niveau des piézomètres de la décharge de St Jean de Libron. Il est bon de rappeler que les écoulements superficielles de la décharge se font vers le Libron (Nord) et que le Libron s’écoule ensuite vers le Sud Est. L’écoulement profond de la nappe Astienne est connu pour se faire vers le Sud ou Sud Est.
Le Sud de la décharge serait le moins impacté avec à 300 m, des chlorures à 96mg/l et si on s’éloigne à plus de 800 m les chlorures passent à 80 mg/l (analyses 2020). Rappelons qu’au Sud de la décharge PZ1 à 80 m de profond était en 2019 à 120 mg/l de chlorures. Nous voyons que les chlorures retrouvent une concentration standard à la nappe Astienne à moins de 1 km au sud de la décharge. Néanmoins, cette concentration de 80mg/l de chlorure reste nettement supérieure au forage qui sert à l’eau potable de la commune de Servian à 8 km en amont qui lui oscille entre 50 et 60 mg /l de chlorures.
Par contre, l’Ouest et l’Est sont plus impactés : à plus de 500m à l’Ouest, nous retrouvons des chlorures à 150mg/l en 2005, nous regrettons sérieusement que le piézomètre PZF qui devait se situer au Nord Ouest de la décharge n’ait jamais donné de résultat et ai été rebouché à l’encontre des préconisations d’un hydrogéologue agréé. Cependant, il faut remettre cette mesure dans le contexte, car à l’époque en 2005 le piézomètre 4 avait des concentrations en chlorures jusqu’à 692,3 mg/l ce qui était extrêmement élevé.
A plus de 1 km au Sud Est de la décharge, 146mg/l de chlorure en 2020. Forage qui se situe à moins de 900m au sud du Libron.
D’après tout les documents observés jusqu’à présent, il semble bien que ce soit la vallée du Libron au Nord qui se dirige ensuite vers le Sud-Est qui soit la plus impactée. Effectivement, un autre forage ( à -60m NGF) à 3 km en aval du Libron montre une analyse troublante en 2013.
Chlorures à 175 mg/l et manganèse à 45 µg/l. 2 ans plus tôt (juin 2011) PZ 1 aura 180 µg/l de manganèse et PZ 4 aura 45 µg/l . PZ4 aura également 410 mg/l de chlorures.
Même le SMETA s’interroge (voir extrait ci dessous) sur cette concentration élevée en chlorures sans pour autant faire de lien avec la décharge de St Jean de Libron située à seulement 3km en amont du Libron.
Dans ce document de 2014, le SMETA reconnait que les chlorures sont élevés dans ce secteur, pourtant dans le courrier réponse adressé au sous-préfet en 2011 le SMETA écrira « Aucune analyse sur les paramètres ciblés au regard des risques de pollution du CET n’a été réalisée compte tenu de l‘absence de problématique identifiée« . Les chlorures élevés dans ce secteur n’inquiètent donc pas le SMETA.
Nous nous sommes alors intéressé aux chlorures de deux forages servant à l’alimentation en eau potable de communes. Le premier en amont est un forage à Servian (Captage de la Marseillette) à 8 km au Nord, le second en aval est un forage à Portiragnes (captage Bel Air) à moins de 8km au Sud-Est.
Sur le graphique suivant nous comparons les moyennes en chlorures sur plusieurs années des forages de Servian, de Portiragnes ainsi que les résultats du piézomètre n°4 depuis 2002.
D’une part, nous observons que cela fait presque 20 ans que le piézomètre 4 à des taux en chlorure au-delà du seuil réglementaire de 250mg/l (410mg/l de moyenne 2002 à 2019). D’autre part, nous constatons que les concentrations en chlorures sont nettement supérieures au 53,3 mg/l de moyenne sur le forage de Servian (2016 à 2020) en amont. La décharge semble bien impacter la nappe Astienne car en aval (Sud-Est) les concentrations en chlorure ont quasiment doublé avec une moyenne de 106,3 mg/l à Portiragnes (2008 à 2020).
Voir carte des concentrations en chlorures ci-dessous.
Le constat est hallucinant, mais Portiragnes étant assez proche de la mer, on peut se demander s’il ne s’agit pas de chlorure provenant du sel marin (NaCl). Mais cette hypothèse est loin d’être évidente car en s’éloignant encore de la décharge et en se rapprochant de la mer nous trouvons des forages avec moins de 80mg/l de chlorure comme à Vias plage ou Valras Plage. Alors que des concentrations de chlorures supérieures à 100mg/l se retrouvent fréquemment au niveau de la décharge de St Jean de Libron et en aval du Libron. Alors que penser de cette situation vis-à-vis des chlorures ?
Nous avons découvert une étude non pas sur les chlorures mais cette fois, sur le COT (Carbone Organique Total) qui nous donne un bon aperçu de la situation.
En effet, en 2008 une thèse de Matthieu Moingt de Montréal (Canada) sur le carbone organique total (COT) de la nappe nous interpelle sérieusement. Effectivement bien que cette étude n’ait absolument rien à voir avec l’ISDND, certaines données sont extrêmement troublantes, notamment vis à vis d’un piézomètre proche de l’ISDND de St Jean de Libron en aval du Libron.
Voir cette thèse: https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00399210/document
Cette carte, extraite de l’étude ou l’ISDND a été rajoutée pour une meilleure compréhension, nous montre qu’en amont de de la décharge au Nord, le COT est faible. Il augmente au niveau de la décharge de St Jean de Libron pour ensuite se répandre et se diluer dans le sens d’écoulement connu de la nappe Astienne Sud ou Sud-Est. L’impact de la décharge se constate jusqu’au littoral comme à Vias par exemple, en passant par Portiragnes.
Ces taux de COT ne sont à priori pas dangereux pour la santé. Par contre ces COT nous montrent l’étendue de l’impact de la décharge sur la nappe Astienne et il faut bien comprendre qu’ils sont sans doute accompagnés par d’innombrables autres composés polluants non analysés pouvant provenir d’une décharge. Nous parlons d’une nappe d’eau naturellement potable et indispensable à l’économie locale, une nappe dont le renouvellement est extrêmement lent. Plusieurs études parlent de datation de plus de 5000 ans voir même 8000 ans. Régulièrement les piézomètres situés dans la vallée du Libron pour la surveillance de la décharge (PZ4 et PZ3) montrent des COT supérieurs à 10 mg/l ce qui est nettement supérieur aux valeurs trouvées dans cette étude (<1mg/l).
Dès 2017, nous nous plaignions auprès de la préfecture, d’odeurs devenues régulières à plus de 1 km de la décharge. Pour nous ces odeurs proviennent de l’enfouissement de matière organique (matière putrescible) qui provoquera d’énormes fuites de biogaz, curieusement, cette matière organique se retrouve aussi dans l’eau des piézomètres.
Forte augmentation du Carbone Organique Total dès 2017 dans PZ1, 80m de profond censé représenter la nappe astienne. Cette nappe était soit disant bien protégée. Cela met sérieusement à mal l’argument de l’hydrogéologue agréé en 2000 mis en avant dans la demande de prolongation de cette décharge. Voici cet argument:
Des taux de COT élevés sont également relevés sur les autres piézomètres, même ces dernières années. L’étude de 2008 sur les COT de la nappe astienne est réalisée à partir de taux inférieurs à 1mg/l mais dans les piézomètres de cette décharge nous parlons de taux bien supérieurs allant jusqu’à 20 mg/l ces dernières années.

Le puits de St Jean de Libron était relativement épargné, mais nous voyons que ces dernières années la situation se détériore à nouveau vis a vis des COT mais aussi des chlorures.
Les chlorures du puits de Saint Jean de Libron dépassent à nouveau les 100mg/l ce qui n’est pas sa tendance naturelle (80-90 mg/l) . Mais le plus troublant est que ces courbes soient à l’augmentation et pourtant nous n’aurons aucun résultat en 2019 pour le puits de St Jean de Libron. Ces analyses ont-elles été réalisées ? Seraient-elles cachées car les résultats étaient mauvais ?
C’est le sentiment général que nous avons ! Dès que des résultats sont trop gênants, ils ne sont pas communiqués et disparaissent comme les 10 premières années d’analyses de 3 piézomètres sur 6…
Face à ce manque de transparence, nous pouvons nous demander si nous ne sommes pas face à des empoisonneurs ? Le manque de transparence se retrouve régulièrement dans les comptes rendus d’activité que l’on nous transmet chaque année. Soit les données sont illisibles, soit les analyses brutes des laboratoires sont carrément absentes comme en 2019, du coup, nous devons faire confiance à des graphiques ou tableaux avec des moyennes ou des chiffres qui peuvent être mal retranscrits ou tournés selon leur propre interprétation. 2019 nous ne savons rien du puits de St Jean de Libron ni du Pz2. De plus, des éléments analysés évoluent d’une année sur l’autre comme la conductivité qui se transforme en résistivité rendant impossible un suivi sérieux. Mais c’est peut être l’objectif de la CABM ?
Revenons à l’étude de Matthieu Moingt, car un autre élément nous y a interpellé. Effectivement l’auteur utilise un ratio C/N (Carbone/Azote) pour démontrer que l’origine de la matière organique dans la nappe Astienne provient de plantes terrestres. Voir extrait ci-dessous :
C’est un peu technique…. Pour résumer, il explique que si le ratio C/N est compris entre 15 et 500 la matière organique diffuse (COD) présente dans la nappe Astienne provient de plantes terrestres, ce qui paraitrait normal. Sauf que si on compile ses résultats sur la carte de localisation des prélèvements on se rend compte d’une grande absence de résultats sur une grande partie aval de la décharge (entourée en rouge). NM=non mesuré
Nous avons donc tenté de joindre l’auteur de cette étude pour savoir si il avait été confronté à des résultats anormaux dans le cercle rouge expliquant l’absence de données. Malheureusement, nous n’avons pas encore réussi à rentrer en contact avec lui.
Néanmoins si on observe bien, il y a tout de même un résultat sur l’emplacement 119 avec un ratio de 8,3. Ce résultat est bien en dessous du ratio attendu entre 15 et 500. Ce ratio correspondrait alors à de la matière organique d’origine algaire ou bactérienne d’après l’étude. Comment expliquer cela ? De la matière organique issue d’une décharge pourrait elle l’expliquer ? Pour nous, cela raisonne comme une évidence et pourtant les autorités continuent de donner des autorisations de prolongation à cette décharge, grâce à des études très peu rigoureuses voir carrément trompeuses.
Que penser du comportement de ces experts qui arrangent ou trouvent des prétextes douteux à la réalité, et que dire de notre agglomération (CABM) l’exploitant de cette décharge qui à l’évidence est prêt à tout pour continuer à enfouir comme bon lui semble. Nous avons vu que sous l’ancienne présidence de la CABM le respect de la réglementation n’était pas vraiment une priorité, dès la mise en place de la demande de prolongation de l’ISDND en 2017, c’est devenu du grand n’importe quoi.
A qui profite tout cela ? Nous n’avons sans doute pas assez de recul pour entrevoir clairement cette réponse, nous comptons donc sur la justice pénale pour faire la lumière sur cette affaire qui n’en finit plus (marché public douteux de VALORBI, intoxication des riverains de la décharge par pollution de l’air, pollution de la nappe Astienne). A notre niveau, nous constatons simplement que des communes du Littoral se sont débarrassé du traitement de leurs ordures malgré les gros dysfonctionnements de VALORBI et que dans un avenir proche leur décharge (ISDND de Vendres) d’après le plan régional des déchets devrait fermer. L’ancien président de la CABM, aussi maire de Sérignan aurait-il tout fait pour se débarrasser des déchets ménager proche de sa commune? Peut être faut il rappeler qu’il y a quelques années, la décharge de Vendres impactait avec ses odeurs des habitants de Sérignan (voir pétition dans l’enquête publique).
Merci l’agglo! Alors qu’à Montblanc (à juste 8 km de la décharge de St Jean de Libron) la nouvelle méga décharge dont nous sommes également voisins va accueillir des déchets extérieurs à notre agglo. Nos dirigeants font du Biterrois la poubelle de l’Hérault le tout sur une nappe d’eau naturellement potable. Que penser d’une telle hérésie ?
Revenons à l’ISDND de St Jean de Libron.
Que prévoit l’arrêté préfectoral obtenu en février 2018 pour protéger la nappe Astienne?
- Comme nous l’avons vu dans un article précédent, il prévoit de baisser la surveillance des piézomètres à seulement deux analyses/an au lieu des 4 fois auparavant. Depuis ce nouvel arrêté de 2018 l’exploitant n’en fait même que 1 par an. Ceci est totalement illégal car à minima c’est une en hautes eaux et une en basses eaux. Mais de toute évidence cela ne dérange pas les autorités.
- Les prochains casiers 5 et 6 sont prévus sur un sous-sol non approprié d’après les tests réalisés (voir compte rendu ci-dessous).
Du coup il doit y avoir des mesures d’équivalences qui reposent donc sur :
1/ une couche d’argile doit être déposée dans le fond et sur les côtés du casier. Sauf que ce secteur de la décharge est reconnu sensible aux coulées boueuses et aux mouvements de terrain (voir ci-dessous, un extrait de l’étude d’impact de 2015). Alors avec notre climat méditerranéen qui passe de la sécheresse aux inondations, comment va se comporter cette couche d’argile dans le lit d’un ancien ruisseau ?
2/ Un dispositif d’étanchéité par géomembrane doit être mis en place, mais ce dispositif ne résiste pas au feu. Faut il rappeler qu’en été dans notre région, avec notre climat très sec et chaud il y a régulièrement des incendies dans les décharges. Le dernier était en 2014, et le dernier d’ampleur était en 2010 dans cette décharge.
Ci-dessous le témoignage d’un riverain remis lors de l’enquête publique de 2016:
Sinon nous pouvons également ajouter l’ISDND de Vendres, géré lui aussi par la CABM qui a brûlé en 2019. Il y a aussi Castries en 2014 et 2019 proche de Montpellier aujourd’hui fermé.
Voilà sur quoi repose la protection de la nappe Astienne avec l’arrêté préfectoral en vigueur.
Pourtant il existe un document de 2009 réalisé par le BRGM réalisé en collaboration avec l’ADEME, le cemagref, le CETE-Lyon, l’INERIS, l’INSA-Lyon qui précise l’utilisation des mesures d’équivalence.
Cliquer pour accéder à RP-57081-FR.pdf
Sans trop rentrer dans le domaine technique voici un extrait de la première page.
Tout d’abord cette phrase « A noter qu’une évaluation quantitative de l’impact potentiel sur une ressource en eau souterraine n’est pas obligatoire dans tous les cas de figure, notamment s’il y a absence avérée de ressource en eau souterraine vulnérable » puis celle ci « Il est rappelé enfin que les possibilités d’équivalence évoquées dans ce guide ne doivent pas faire oublier l’objectif général qui doit présider à l’implantation de sites de stockage, à savoir que le contexte géologique et hydrologique soit favorable« . Ce contexte géologique et hydrogéologique favorable sera à nouveau évoqué dans la conclusion.
Alors, est-ce pour cette raison ? que la CABM et l’auteur de l’étude d’impact de 2015 passent sous silence:
- l’existence de la nappe Astienne sous la décharge, une eau naturellement potable.
- l’avis défavorable en 1998 du commissaire enquêteur qui a mis en évidence que la géologie et hydrogéologie n’était absolument pas favorable notamment car les écoulements superficiels et peu profonds allaient se faire vers le Libron (voir extrait des conclusions du commissaire enquêteur de 1998 ci dessous). Ce que démontreront immédiatement les premières analyses des piézomètres mis en place il y a 20 ans, mais cela n’empêchera pas l’exploitant de poursuivre pendant 20 ans son activité et même de demander une prolongation jusqu’en 2029, que les autorités lui accorderont.
Mais le plus surprenant dans cette histoire c’est que même le SMETA (syndicat de l’ASTIEN) avec sa lettre du 30/06/2011 en réponse à une question de l’ancien Sous Préfet, vis-à-vis des risques de pollution de la nappe Astienne face aux risques d’incendies dans la décharge, passera sous silence ces faits: présence de la nappe Astienne sous la décharge mais aussi qu’il s’agit d’une zone de risque de pollution superficielle. Pire cette lettre argumentera carrément du contraire.
C’est totalement hallucinant, l’hydrogéologie et l’hydrologie ne sont absolument pas favorables et la CABM persiste à vouloir enfouir malgré des analyses de l’eau troublantes. Mais en plus, maintenant, la CABM veut enfouir avec des mesures d’équivalence sur un terrain où il y a des risques naturels de mouvements de terrain!!!! Et que dire des autorités qui depuis 20 ans ne réagissent pas face au mauvais résultats des piézomètres. Au contraire, les autorités allègent le dispositif mis en place par l’hydrogéologue agréé en 2000 :
- Le piézomètre PZ F au Nord Ouest n’a jamais donné de résultat public en 20 ans et sera officiellement rebouché et non remplacé.
- Le piézomètre au Nord Est PZC lui sera remplacé par le puits de St Jean de Libron. Pour ce puits, l’association de quartier a toujours demandé à ce qu’il soit surveillé compte tenu qu’il alimente en eau toutes les habitations du domaine de St Jean de Libron. Mais de là à remplacer un piézomètre de 20m de profond positionné par hydrogéologue agréé, par un puits un peu plus éloigné de la décharge et de seulement 12 m de profond, cela soulève quelques questions.
1/ Pourquoi la profondeur du puits de St Jean de Libron n’apparait sur aucun document ? Le fait qu’il ne fasse que 12 m de profond selon le propriétaire est-il gênant ?
2/ Avec cette différence de profondeur, est-on sûr de surveiller la même nappe ?
3/ Avec sa faible profondeur et son positionnement (entouré de champs agricoles) ce puits ne devrait-il pas être le piézomètre le plus impacté par des pollutions d’origine agricole ? Pourtant ce piézomètre est nettement moins touché par des pollutions que le PZ4 ou PZ3. Alors l’explication des pollutions agricoles pour expliquer de grosses anomalies dans les autres piézomètres est-elle crédible?
Conclusion:
Nous regrettons que la préfecture soit restée sourde à nos plaintes (officiel, en CSS, par courrier, etc…) et que seule la manifestation ou le tribunal l’ait fait réagir avec une extrême lenteur. Il lui faudra donc 3 ans pour faire améliorer sensiblement la qualité de l’air respiré par la majorité des riverains de la décharge. Malheureusement d’autres situés dans un courant d’air privilégié des gaz respirent encore un air vicié.
Nous sommes abasourdis qu’en 2018, au-lieu-de mettre l’exploitant en demeure de ne plus émettre d’odeurs, la préfecture a préféré lui octroyer aveuglément une prolongation de quasiment 10 ans supplémentaires.
Les odeurs nous ont contraints à nous intéresser de très près à cette décharge. Quelle surprise de découvrir un monde truffé de manœuvres afin de légaliser et dissimuler non pas uniquement des pollutions de l’air mais aussi des pollutions des eaux de surfaces et souterraines dont une importante ressource en eau potable : la Nappe Astienne.
Nous regrettons que la préfecture n’ait pas imposé à la CABM le financement d’une nouvelle étude hydrogéologique mais cette fois indépendante, en désignant un hydrogéologue agréé, en dehors de notre région. Cela, afin de limiter les pressions que les collectivités locales ont sur les experts (du style: tu dis ce que je veux entendre sinon c’est terminé les contrats).
Nous sommes atterrés que les autorités regardent depuis 20 ans des taux de chlorures systématiquement non réglementaires (plus de 250mg/l) dans le piézomètre n° 4 et autorisent encore une prolongation de cette décharge. Alors que ce piézomètre se situe dans la vallée du Libron une zone de recharge de la nappe Astienne.
Face à la situation, afin de défendre notre quartier mais aussi l’intérêt général, nous allons être contraints de financer une deuxième fois une étude hydrogéologique.
La première nous l’avons financée en tant que contribuable Biterrois. Cela semble avoir aboutit au financement d’études biaisées facilitant la légalisation de pollution de l’air, d’eau souterraine et de surface aux détriments des risques écologiques et de santé Humaine.
La deuxième, nous allons donc nous cotiser et financer par nous-mêmes une étude réalisée par un hydrogéologue afin de faire la lumière sur cette situation qui nous parait dangereuse et contraire à l’éthique. Nous espérons que le délit d’écocide annoncé par le gouvernement ne soit pas que des paroles en l’air, car si la pollution de la nappe Astienne est avérée, nous en retrouverons des traces pendant au moins les 5000 prochaines années.
La passion contre la mauvaise foi évidente. D’un point de vue pratique, il ne faut rien négliger: – les forages agricoles et AEP locaux ont ils été acidifiés à l’acide chlorhydrique pour les décompter? si oui, quand ,quel volume et quelle concentration – quelles communes sont dépourvues de tout à l’égout. Dans ce cas, comment sont traitées leurs eaux usées (lagunage, fosses septiques…) et quel est le flux annuel – quelles sont les cultures locales et quels apports annuels de potasse (sous forme de chlorure) par unité de surface. Il importe de songer à tout cela pour couper l’herbe sous le pied à vos détracteurs. Enfin, le paramètre TAC est important à considérer, puisque lié directement au CO2 dissous (biogaz). Reste aussi à expliquer les anomalies ponctuelles en plomb dans les AEP étudiés. En ce qui concerne le manganèse, c’est peut être une corrosion des tubages de forage. Pour fournir, votre ISDND a t’elle vue une augmentation massive de déchets fermentescibles, tels vinasses de pressoir, bous de cellulose en provenance de papeterie .. Cordialement.
Pierre Benoit
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